Tout avait pourtant bien commencé. Le soir en allant manger au resto à Vielle-Aure, à peine descendu de la voiture, voilà MONSIEUR Sherpa qui passe tranquillement avec sa valise. Il a accepté très gentiment de poser pour moi. Merci à lui !!
J'ai mangé dans ce petit resto à coté du podium où l'équipe de France de pelote basque nous a chanté deux ou trois petits morceaux, sympa!
Après manger j'ai été au briefing pour être sur de l'heure du départ entre autre...
Puis je suis rentré à l'hotel, j'ai préparé mes affaires pour avoir à perdre le moins de temps le matin et aussi pour pouvoir dormir un peu plus.
Après une courte nuit, j'ai retrouvé tous mes congénères sur le lieu du départ. L'envie est là, je suis heureux d'être là et je n'espère qu'une chose c'est passer la ligne d'arrivée en début de soirée.
Le départ donné, je cours à mon rythme, il y a beaucoup de monde devant moi mais quand je me retourne j'en vois autant derrière si ce n'est plus. La montée en direction du col de Portet se passe bien, à Soulan de nombreuses personnes sont là pour faire du bruit, nous encourager. Puis une fois passé Soulan, un mur nous attend, pas très long mais raide. On continue ensuite notre progression en passant par moment au milieu de troupeaux de vaches qui doivent se demander ce qu'on fait là. Le silence est impressionnant personne ne parle, on entend tout juste nos pas qui se posent sur le sentier. Le col est en vue, la pente est moins raide on alterne marche et course maintenant.
Nous sommes au dessus de la mer de nuage, avec le jour qui se lève, ça fait une belle image...
J'arrive à Merlans au bout de 2h33mn et je suis 333ème. Tout va bien pour le moment, je suis un peu en avance sur mes temps prévus.
Un peu plus haut nous apparait le massif du Néouvielle illuminé par le soleil du matin. C'est magnifique !!!!
Un peu plus tard on peut observer le lac de l'Oule...
J'arrive maintenant aux lacs de Bastan, tout va bien, il fait bon, la pluie annoncée n'est toujours pas là, je profite du moment.
Le plus beau pour moi des trois lacs, le lac du milieu...
Le col de Bastanet est en vue, il faut progresser au milieu de gros blocs, la montée est rude mais je passe sans encombre.
Dans la descente on passe au bord du lac de la Hourquette...
Plus loin faudra jouer l'équilibriste pour ne pas trop se mouiller les pieds. L'organisation du grand raid nous avait prévenue que les vannes du lac de Campana étaient ouvertes car ils vidaient le lac. Donc le torrent qui en descendait était plus puissant que d'habitude.
Quand j'arrive à Artigues, j'en suis à 5h38 de course et 313ème au classement. J'ai remonté quelques places. Mais le gros morceau du parcours nous attend, la montée au pic du midi ! Je reste dix minutes à peu près, le temps de remplir mon camel-bak et de me ravitailler. D'entrée ça monte dur en passant le long de la cascade d'Arizes. Ca sera ma dernière photo car j'avais oublié de mettre la carte mémoire dans l'appareil. N'importe quoi!!! Quelle bille !!!
Cette montée fait mal mais je monte à mon rythme jusqu'à Sencours où je me ravitaille avant d'attaquer l'ascension finale du pic. Après l'ancienne hotellerie (2600m) la route carrossable se termine et c'est par un petit sentier caillouteux que nous arrivons au sommet. Dans cette dernière partie je souffre, je sens mes forces disparaître. Je ressens des douleurs dans tous mes muscles, j'ai le souffle court. D'un coup ma tête a lachée. Je me dis que je vais arrêter là, j'en ai marre !!! Je pointe en haut du pic au bout de 8h55 de course et je suis maintenant 284ème. Je suis dans mes temps prévus mais ça va pas, je ne suis pas bien, comme si je m'étais déconnecté de la course. Je repars aussitôt, j'attaque la descente, j'encourage ceux qui montent, je leur dis un petit mot pour leur donner du courage, alors que moi j'ai perdu le mien. Le mauvais temps est maintenant arrivé, le brouillard, la bruine, c'est complètement bouché. Je me dis que si j'arrive à faire la descente en courant jusqu'à Tournaboup, je continuerai la course. Mais je n'y arrive plus, j'ai mal partout, j'ai envie de vomir, une extrême fatigue m'envahit. Je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi !!! Pendant la descente je marche plus que je cours, ma tête ne veut plus, je n'ai plus le moral, je suis déçu, je me déçois ! Arrivé à Tournaboup, je rends mon dossard, ma famille est là. Je m'engouffre dans la voiture honteux de ne pas avoir eu le COURAGE de finir.
J'ai je pense une explication à tout ça. Avant le trail des Gypaëtes au mois d'Avril, j'étais très en forme, bien préparé. Mais à quelques jours de cette course, je me suis bloqué le dos. Un mois d'arrêt complet sans courir. Depuis le dos me fait mal, je n'arrive pas m'entraîner comme il le faut. Je cours mais sans forcer. Je fais de belles ballades mais sans souffrir, toujours en dedans. Du coup mentalement je me suis affaibli et quand la fatigue et les douleurs normales d'une course difficile apparaîssent, mon cerveau dit STOP ! J'ai pris un coup sur la tête une fois de plus. J'ai deux mois pour préparer les Templiers. Si je ne me sens pas mieux, je renoncerai à y aller. En attendant, je continuerai à aller aussi souvent que possible en montagne pour le plaisir mais j'essaierai de me mettre un peu plus souvent dans le rouge pour progresser mentalement. Si vous êtes arrivé à me lire jusqu'au bout, je vous remercie!!! :-)
Je tiens à féliciter Thierry qui malgré une blessure au talon qui avait failli lui faire renoncer à la course, a fini dans la première moité du peloton. Je félicite aussi Joseph qui malgré une grosse chute au niveau de Merlans et une bonne douleur au bras a terminé lui aussi la course. Bravo à vous deux !!